Première évaluation de la sophrologie pour le traitement des acouphènes subjectifs
Évaluer (sans comparaison versus témoins) l’efficacité d’un protocole de sophrologie adapté à la désactivation des acouphènes subjectifs, en diminuant le handicap induit par la perception des acouphènes.
Matériaux et méthodes
Cent quarante consécutives patient, âgés de 18 à 83 ans, ont suivi un protocole comprenant 6 à 8 séances de sophrologie sur une période de 2 à 4 mois. L’impact a été évalué sur la progression avant et après le traitement dans le Tinnitus Handicap Inventory (THI), un questionnaire validé mesurant le handicap induit par les acouphènes.
Résultats
Les scores moyens de THI se sont améliorés de > de 20 points dans 59,2% des cas (c.-à-d. diminution cliniquement significative). L’amélioration était indépendante de la durée des acouphènes (> par rapport à < 6 mois) et de l’origine (traumatisme acoustique par rapport au choc émotionnel), et concernait les 3 sous-échelles THI (fonctionnelle, catastrophique et émotionnelle).
Conclusion
Le protocole sophrologique actuel, dédié aux acouphènes subjectifs, a réduit l’intrusion. D’autres études avec un groupe témoin sont nécessaires pour confirmer l’efficacité par rapport à la liste d’attente ou à d’autres traitements validés tels que Thérapies cognitivo-comportementales.
Mots-clés
Protocole de traitement de relaxation en sophrologie
1. Introduction
L’acouphène subjectif est défini comme un percept auditif survenant sans stimulus acoustique interne ou externe. Son statut subjectif implique qu’il n’est perçu que par le sujet, et n’est pas enregistrable [1]. La nature et la fréquence des sons perçus varient considérablement, mais ils sont généralement signalés comme étant élémentaires: sifflement, bourdonnement ou crépitement. Les acouphènes peuvent être permanents ou intermittents, unilatéraux (dans les deux oreilles) ou bilatéraux, ou bien dans la tête. L’intensité peut varier, augmentant dans des environnements calmes ou après un stress [2]. Plusieurs études épidémiologiques, tant dans les pays développés que dans les pays en développement, ont rapporté que les acouphènes touchaient 10% à 15% de la population adulte, la prévalence augmentant avec l’âge [3]. L’apparition peut être soudaine, suite à un traumatisme acoustique, par exemple, ou progressive. Elle s’accompagne généralement d’une perte auditive [4]. Il faut garder à l’esprit que les « acouphènes » font référence à un symptôme et que la nature exacte des mécanismes physiopathologiques complexes sous-jacents à l’apparition et au maintien est mal comprise [5]. Il y a généralement une cause périphérique (perte auditive), mais les acouphènes représentent une adaptation plastique cérébrale anormale responsable de la chronicisation [6] [7].
Les répercussions sur la vie personnelle et professionnelle peuvent être graves dans certains cas, et diverses approches de traitement ont été proposées pour réduire l’intensité des acouphènes et l’impact psychosocial [8].
De nombreux traitements pharmacologiques ont été rapportés : antidépresseurs (tricycliques, ou inhibiteurs de la recapture de la sérotonine), benzodiazépines, antiépileptiques ou glucocorticoïdes en phase aiguë, mais sans preuve d’efficacité significative dans des études à grande échelle [9]. En supposant que les acouphènes soient associés à des changements dans l’activité du système nerveux central, plusieurs méthodes de traitement ont été proposées basées sur la neuromodulation par stimulation acoustique [10], la stimulation magnétique transcrânienne ou les techniques de biofeedback [11]. Là encore, cependant, les résultats ont montré une faible reproductibilité. La plupart des autres traitements proposés impliquent donc une approche comportementale, avec psychothérapie et information [12]. Fournir aux patients des explications sur l’origine de leurs symptômes et leur susceptibilité à l’humeur, ainsi que sur le caractère bénin des acouphènes idiopathiques, peut parfois suffire à les rassurer et à leur permettre de faire face plus sereinement. Ainsi, dans la thérapie de rééducation des acouphènes (TRT), la modulation acoustique via une aide auditive pour réduire la perception et l’impact des acouphènes est toujours accompagnée d’informations et de conseils [13]. Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) cherchent à modifier les réponses réflexes inadaptées aux niveaux cognitif, émotionnel et comportemental en introduisant des stratégies visant notamment à détourner l’attention du patient de la perception des acouphènes [14].
La sophrologie, développée il y a environ 60 ans par le psychiatre colombien A Caycedo, est une approche psychosomatique visant à traiter le patient de manière holistique plutôt qu’exclusivement au niveau des symptômes. Il associe respiration contrôlée, relaxation dynamique et imagerie mentale pour améliorer la gestion des situations anxiogènes. Une telle préparation physique et mentale est largement utilisée pour les athlètes d’élite, pour la préparation des examens ou comme adjuvant pour le traitement de la douleur [15] lors de l’accouchement [16] et la chimiothérapie oncologique [17]. Il n’y a, cependant, aucune étude d’efficacité rapportée dans les acouphènes.
La présente étude a donc cherché à évaluer l’effet d’un protocole de sophrologie dédié aux acouphènes sur le niveau d’incapacité des patients souffrant d’acouphènes subjectifs.
2. Matériel et méthodes
Suite à une étude rétrospective préliminaire [18] suggérant un bénéfice pour une prise en charge sophrologique adaptée aux acouphènes, entre février 2016 et mai 2017, 17 sophrologues français et suisses appartenant au réseau Pôle Sophrologie et Acouphènes, ont mis en œuvre le même protocole chez 140 patients souffrant d’acouphènes subjectifs. Tous les sujets se présentant pour un traitement des acouphènes ont été inclus, à l’exception de : ceux dont le score THI avant le traitement était de < 15 (c.-à-d. acouphènes avec presque aucun impact socio-professionnel et montrant généralement une résolution spontanée); ceux présentant des acouphènes associés à la maladie de Menière ou à une pathologie vestibulaire progressive; ceux présentant une perte auditive sévère altérant la communication orale; et ceux présentant un état psychologique nécessitant une prise en charge complémentaire (p. ex., dépression sévère). Compte tenu du parcours de recrutement, plus de 90 % des sujets avaient déjà consulté un ORL ou un médecin de famille avant le sophrologue ; Des consultations étaient prévues pour ceux qui ne l’avaient pas fait. Les patients ont poursuivi tout traitement, notamment pharmacologique, déjà prescrit. Le tableau 1 présente les données démographiques.
Tableau 1. Données des patients.
Nombre de patients | Femmes 81 (57,9 %) Hommes 59 (42,1 %) |
---|---|
Âge (18–83 ans) | Femmes 50,7 ± 15,2 Hommes 49,8 ± 14 ans |
Perception des acouphènes | > 6 mois : 90 (64,3 %) < 6 mois : 49 (35,0 %) |
Trouble du sommeil | Oui : 86 (61,4 %) Non : 54 (38,6 %) |
Perte auditive | Oui : 69 (42,3 %) Non : 61 (57,7 %) |
Appareil auditif | Oui : 24 (17,6 %) Non : 112 (82,4 %) |
Hyperacousie diagnostiquée | Oui : 22 (16,2 %) Non : 114 (83,8 %) |
Vertiges | Oui/parfois : 31(22,6 %) Non : 106 (77,4 %) |
L’intrusion dans la vie quotidienne a été évaluée sur l’inventaire auto-administré des incapacités en matière d’acouphènes (THI) développé par Newman et al. [19] et traduit en français et validé par Ghuilyan-Bedikian et al. [20]. Ce questionnaire comprend 25 questions explorant 3 catégories de handicap : fonctionnel, émotionnel et catastrophique. Les options de réponse sont « oui » (4 points), « parfois » (2 points) ou « non » (0 point). Les scores distinguent 5 niveaux de handicap (voir tableau 2). L’ICT a été rempli au début du traitement, à l’anamnèse initiale et à la fin du traitement, afin d’évaluer les effets.
Tableau 2. Score THI et gravité perçue du handicap.
Score | Nature du Handicap |
---|---|
0–16 | Légère (entendue uniquement dans des environnements calmes) |
18–36 | Doux (Facilement masqué par les sons environnementaux et facilement oublié avec les activités) |
38–56 | Modéré (remarqué en présence de bruit de fond, bien que des activités quotidiennes puissent toujours être effectuées) |
58–76 | Sévère (presque toujours entendu, conduit à des habitudes de sommeil perturbées et peut interférer avec les activités quotidiennes) |
78–100 | Catastrophique (Toujours entendu, habitudes de sommeil perturbées, difficulté avec toutes les activités) |
Le protocole de sophrologie comportait 3 phases (voir encadré 1), basées sur les contenus précédemment rapportés [18]. La phase 1, qui consistait à forger l’alliance thérapeutique, comprenait la prise d’antécédents pour recueillir des données cliniques, évaluer la gravité (sur THI), communiquer des explications consensuelles du symptôme et fixer des objectifs de traitement. Le patient apprend qu’il est possible d’acquérir des réflexes de relaxation par rapport à la perception des acouphènes. La phase 2 cible les symptômes, en sensibilisant à l’environnement acoustique, y compris les acouphènes. Le sophrologue guide le patient dans un état de relaxation musculaire et mentale profonde et de détachement du bruit parasitaire. La phase 3 implique une « accoutumance » progressive : c’est-à-dire la prise de distance par rapport aux acouphènes. Guidé par la voix du sophrologue dans un état de transition entre l’éveil et le sommeil, le sujet apprend à remplacer les sensations négatives induites par les acouphènes par des sensations neutres ou agréables qui peuvent alors être associées à un signal spécifique afin de créer un « réflexe de relaxation ». Ici, le patient acquiert une autonomie lui permettant de gérer progressivement lui-même les épisodes dans lesquels les acouphènes deviennent intrusifs. Pour répondre aux objectifs de ces 3 phases, le protocole utilise des exercices codifiés adaptés aux acouphènes et déployant des techniques spécifiques de respiration, de relaxation dynamique et d’imagerie mentale. Chaque séance se termine par un moment où le patient peut exprimer librement ses sentiments. L’ensemble du module dure de 2 à 4 mois avec 6 à 8 séances de 1 heure, variant en fonction de la phase et de la progression en fonction des progrès du patient. Les résultats ont été rapportés sous forme d’écart moyen ± type, avec comparaison statistique sur le test t de Student, soit simple, soit pour des données appariées. 216 sujets ont eu l’entrevue initiale, mais seulement 140 ont terminé le cycle complet: c’est-à-dire 35,1% d’attrition, ou 64,9% des sujets ayant volontairement terminé le protocole de sophrologie. Les sous-scores ont été analysés pour les 89 patients pour lesquels ils étaient disponibles ainsi que le score global THI.
Encadré 1
Phases du protocole spécifique de sophrologie des acouphènes (6 à 8 séances)
Phase 1 : séances 1 et 2 – découverte des réflexes de relaxation dans les épisodes aigus
A l’issue de cette phase, le sujet peut :
Respirez plus consciemment
Éloignez-vous des tensions dans le corps et détendez-vous
Intégrer le bruit parasitaire dans l’environnement acoustique
Se sentir stable en position debout (notamment en cas de vertiges)
Prenez des mini-pauses pendant la journée de travail et à la maison le soir.
Techniques : techniques de respiration, technique de relaxation dynamique, relaxation flash ou sophronisation de base
Phase 2 : séances 3 et 4 – prise en charge des symptômes
A l’issue de cette phase, le sujet peut :
Utilisez des techniques de relaxation en cas de stress et d’épisodes d’acouphènes aigus
Relâcher les tensions corporelles (épaules, dos, mâchoire, etc.)
Vivez plus agréablement avec les 5 sens, y compris l’ouïe
Avoir une respiration consciente et réflexe pour déconcentrer les symptômes.
Techniques : Techniques de respiration, relaxation dynamique, déplacement sophro-négatif, présence sophro-positivité, respiration sophro-synchronisée, protection sophro-liminale du sommeil
Phase 3 : 2 à 4 séances – accoutumance et autonomie
Dans cette phase, le sujet devient capable de:
Prendre de la distance par rapport au bruit parasitaire
Appelez un repère d’image pour vous sentir plus calme
Relâcher les tensions par la respiration et un mot-clé (calme, froid, zen) dans les épisodes aigus
Déployer des réflexes de relaxation dans la vie quotidienne
Envisager un avenir plus serein, même avec des acouphènes.
Techniques : techniques de respiration, relaxation dynamique, ancrage, acceptation sophro-progressive, exercice futur simple
3. Résultats
La Fig. 1 montre les scores THI avant et après le traitement. Ceux-ci ont augmenté (se sont détériorés) dans seulement 1 cas, et étaient inchangés dans 3; sinon, tous les scores THI ont diminué (amélioré). Les scores moyens avant et après le traitement étaient respectivement de 51,6 ± 18,8 et de 24,8 ± 14,5, soit une amélioration moyenne de 51,9 % ; la différence était fortement significative au test de Student pour les paires appariées (P < 0,0001), et dépassait 20 points dans 83 sujets (59,3%), était de 10 à 20 points dans 41 (29,3%) et < 10 points dans 12 (8,5%). La répartition des patients en termes de gravité de l’incapacité sous THI est illustrée à la Fig. 2 : près de la moitié d’entre eux présentaient initialement un handicap modéré, sévère ou catastrophique (Fig. 2 A), avec une tendance vers un handicap plus léger à la fin du traitement (Fig. 2 B).
L’amélioration de l’ICT était indépendante de la durée des acouphènes : 53,6 ± 22,4 % (n = 49) pour une durée < 6 mois et 51,7 ± 23,3 % (n = 89) pendant > 6 mois. L’amélioration était également indépendante de l’étiologie; 24 sujets avaient subi un traumatisme acoustique et 47 attribuaient les acouphènes à un choc émotionnel, et les deux groupes ont montré un bénéfice similaire: 56,3 ± 20,4% et 52,8 ± 24,5%, respectivement. Le questionnaire THI comprend 3 catégories analysant les composantes fonctionnelles (F, 11 questions), émotionnelles (E, 9 questions) et catastrophiques (C, 4 questions) du handicap subjectif, et le bénéfice n’était axé sur aucune de ces composantes en particulier : chez les 89 sujets pour lesquels des sous-scores avant et après le traitement étaient disponibles, le bénéfice était légèrement plus important dans la composante catastrophique (C, 58,2 ± 28,0%) que sur les composantes émotionnelles (E, 55,8 ± 26,9%) ou fonctionnelles (F, 52,4 ± 25,1%), mais sans différence significative.
4. Discussion
Les résultats de la présente étude multicentrique ouverte ont confirmé les données pilotes [18]. Les scores THI ont montré une amélioration de 51%, indiquant que la prise en charge sophrologique spécifique des acouphènes réduisait considérablement le niveau de handicap dans les acouphènes subjectifs. La plupart des sujets, et notamment ceux souffrant d’acouphènes sévères ou catastrophiques, ont connu une amélioration de leur qualité de vie. Le bénéfice était indépendant de la durée des acouphènes (> ou < 6 mois) et de la cause d’apparition (stress ou non), et était similaire sur les 3 sous-scores THI, suggérant qu’il n’était pas uniquement dû à l’impact sur l’anxiété et la dépression liées aux acouphènes, bien que la présente étude n’ait pas pu le démontrer en raison de l’absence d’évaluation psychologique spécifique. Les études épidémiologiques menées dans la population générale ont fait état de peu de corrélation entre les acouphènes et la pathologie psychologique, peu importe la durée et la gravité des symptômes [21], [22]; les troubles psychologiques semblaient être davantage dus à une comorbidité sous-jacente qu’à des acouphènes en tant que tels [23]. Quoi qu’il en soit, le taux d’amélioration actuel se compare favorablement à la TCC, qui est une approche validée dans les acouphènes [24], [25]. L’un des avantages de la sophrologie est que l’amélioration est obtenue relativement rapidement, en 6 à 8 séances sur 2 à 4 mois, alors que la TRT, par exemple, prend environ 18 à 24 mois pour obtenir satisfaction [26]. De plus, la sophrologie ne nécessite pas d’appareil auditif ni de masqueur/générateur acoustique. Les techniques peuvent même être intégrées dans une gestion multidisciplinaire globale, en complément de la thérapie acoustique ou de psychothérapies plus bien établies telles que la TCC. Un autre point intéressant est que le patient peut indépendamment intensifier l’application des techniques apprises au cours des séances.
Bien que les résultats aient été positifs, l’étude présentait certaines limites.
La THI n’a été évaluée qu’au début et à la fin du traitement, et la durabilité de l’amélioration observée reste inconnue. Les mêmes sujets devraient être évalués 1 ou 2 ans après le premier cycle de traitement, pour déterminer si l’amélioration est durable et si les techniques de respiration, de relaxation et d’imagerie restent acquises et capables, sinon d’éliminer les acouphènes, du moins d’améliorer la tolérance à long terme.
Deuxièmement, la conception de l’étude était ouverte, sans groupe témoin. C’est assez vrai, mais il serait difficile de définir un contrôle approprié: liste d’attente, information seulement, ou autre type de psychothérapie. Cima et al. [25] ont comparé leur technique de TCC aux « soins habituels », sans définir clairement ces derniers. Même ainsi, une conception ouverte comme celle de la présente ne peut exclure un effet placebo, car tout traitement a un impact bénéfique simplement parce que le patient se sent « soigné », ce qui peut suffire à surmonter le handicap [27].
Ce problème de choix entre les plans d’études cliniques a été soulevé en 2012 dans un article d’un groupe de cliniciens [28], qui a souligné qu’un résultat positif dans un essai ouvert doit être confirmé dans un essai contrôlé randomisé, de préférence en double aveugle. Cependant, cela n’est pas très faisable pour les interventions psychothérapeutiques et physiothérapeutiques; toutefois, l’évaluation des résultats (p. ex. réponses au questionnaire) devrait être confiée à des chercheurs indépendants, ce qui n’était pas le cas dans la présente étude. Dans tout essai contrôlé de ce type, il serait également important de mettre en œuvre une évaluation à des moments réguliers afin de tenir compte de la fluctuation des acouphènes et de la résolution spontanée possible. Enfin, il serait intéressant d’inclure l’évaluation des caractéristiques auditives des acouphènes, à l’aide d’une échelle subjective (analogique numérique ou visuelle) ou d’un appariement acoustique ou d’un masquage [29].
Une autre limite de l’étude était que l’échantillon n’avait pas été sélectionné et était donc hétérogène. La sélection a été exclue afin d’avoir un échantillon suffisamment grand dans un délai raisonnable, mais a entraîné une grande variation de l’âge (18 à 83 ans), des caractéristiques cliniques et du cheminement médical. Malgré tout, l’échantillon était représentatif des personnes souffrant d’acouphènes en termes d’âge et de sexe, sauf que 90% avaient déjà consulté en ORL, ce qui n’est généralement pas le cas dans les acouphènes subjectifs. Il peut également y avoir eu un biais de sélection car seuls les sujets susceptibles d’accepter une approche sophrologique l’ont effectivement rencontré. Environ un tiers des sujets n’ont pas complété le protocole, que ce soit par non-adhésion à la méthode ou par refus d’entreprendre autant de séances (6 à 8) sur une période assez longue (jusqu’à 4 mois). Étant donné que les acouphènes sont un symptôme labile d’étiologie variée, il est difficile de déterminer les critères de sélection d’une étude ou de sous-groupes plus homogènes [28].
Enfin, le THI est reconnu internationalement [30], mais il s’agit néanmoins d’une évaluation subjective d’un symptôme subjectif difficile à quantifier. Il serait intéressant d’associer d’autres critères d’évaluation de l’efficacité du traitement, comme d’autres auteurs l’ont préconisé [31]. Nous souhaiterions que la méthode de sophrologie soit évaluée sur une base scientifique rigoureuse.
5. Conclusion
Les résultats de la présente étude ouverte ont montré qu’un traitement sophrologique adapté diminuait rapidement le handicap et améliorait la qualité de vie des patients souffrant d’acouphènes subjectifs, réduisant de moitié les scores THI dans la plupart des cas. L’amélioration a également été confirmée par les rapports des patients, recueillis au début et à la fin du traitement. Elle s’appliquait également aux composantes fonctionnelles, émotionnelles et catastrophiques du THI, et était indépendante de la durée et de l’étiologie des acouphènes. Une étude à plus grande échelle et de conception plus rigoureuse serait utile pour confirmer les résultats actuels et faire la lumière sur les mécanismes impliqués.
Divulgation d’intérêts
Les auteurs déclarent qu’ils n’ont pas d’intérêts concurrents.
Remerciements
Merci aux 17 sophrologues du Pôle Sophrologie et Acouphènes qui ont suivi les patients et collecté les données :
Corinne Bontemps (Genève), Dominique Bolusset (Nancy), Véronique Daniel (Aramon), Claire Duval (Paris), Blandine Dubois (Pontoise), Virginie Dalmau (Salon de Provence), Christine Chauvin (Montigny le Bretonneux), Mathilde Hauss (Paris), Geneviève Hénaut (Caen), Véronique Galpin (Vaires sur Marne), Patricia Grévin (Paris), Christophe Jouffre (Mulhouse), Caroline Manifacier (Lieusaint), Evelyne Renardier (Paris), Marie-Danielle Vérin (Mareil Marly), Anke Spath (Paris), Céline Zagury (Boulogne Billancourt).
Les sophrologues de ce réseau ont tous reçu la même formation à la prise en charge des acouphènes, dispensée par un ORL et formateur en sophrologie, membres de l’AFREPA (Association Française des Equipes Pluridisciplinaires d’Acouphènes).
Les auteurs remercient Jean-Marc Tora pour son aide à la collecte et à l’analyse des données, et Dominique Duval DSc, ancien directeur de recherche au CNRS, pour son aide à la rédaction d’articles.
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