Le défaut d’intégration intermodalitaire chez les personnes dyslexiques
Le défaut d’intégration intermodalitaire chez les personnes dyslexiques

Le défaut d’intégration intermodalitaire chez les personnes dyslexiques

Plusieurs équipes distinctes ont développé l’idée que ce trouble pourrait se situer au niveau de l’incapacité du cerveau du dyslexique à faire coïncider des stimuli de nature différente, comme l’image visuelle d’une lettre (graphème) et son correspondant sonore (phonème).

Une équipe néerlandaise [note] a réalisé une étude en IRMf dans diverses conditions de perception :

– auditive seule (son),

– visuelle seule (lettre)

et dans deux conditions lettre/son : soit congruent (le son et la lettre correspondent), soit incongruent. Les résultats montrent que le cortex auditif associatif est impliqué dans ces tâches et, surtout, qu’il est impliqué dans la fac¸on différente qu’ont les dyslexiques de traiter ces tâches :

ils activent moins fortement ces mêmes régions, en unimodal comme en multimodal; surtout, les témoins ont une moins forte activation pour les paires incongruentes, mais pas les dyslexiques, ce qui traduit l’incapacité de leur système de traitement des informations de réagir à l’incongruence de la correspondance lettre/son.

Ces constatations rappellent un phénomène bien connu des phonéticiens, l’effet McGurk :

– il s’agit de demander à des sujets d’expérience de visionner et d’écouter une vidéo où un visage

humain prononce des syllabes.

En fait , à son insu, le sujet n’entend pas ce qu’il voit :

– alors que le visage a été filmé lors de la production par le personnage de la syllabe «ga», on

fait entendre la syllabe «ba». Si le sujet d’expérience regarde la vidéo pendant qu’il écoute le

son produit, il entendra «da», soit un mélange des deux modalités.

Cette fusion des deux consonnes en une troisième est un phénomène physiologique qui se produit

chez la majorité des sujets. Chez les dyslexiques, au contraire, il n’y a pas de fusion, et ils

répondront avoir entendu soit «ba» (la syllabe effectivement prononcée), soit «ga» (la syllabe enregistrée visuellement sur la vidéo).

 

 

Note : Blau V, Van Atteveldt N, Ekkebus M, Goebel R,Blomert L. Reduced neural integration of letters and speech sounds links phonological and reading deficits in adult dyslexia. CurrBiol 2009;19:503–8.

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